27/03/2009
Lettre à la Préfecture
Madame, Monsieur,
En tant que citoyen français, ressortissant d'un pays qui se proclame être la patrie des Droits de l'Homme, je tiens à exprimer mon indignation face à l'intolérable harcèlement administratif et policier dont est victime M. Mohammed El Haouhay.
L'indifférence crasse, l'inhumanité patente, l'extrémisme bureaucratique et le zèle malveillant dont vos services ont jusqu'ici fait preuve dans le traitement de son dossier font froid dans le dos.
Jusqu'où irez-vous dans l'application tâtillonne et aveugle de lois scélérates? Quelle limite vous fixez-vous à ce qui est humainement admissible? Ne vous souvenez-vous donc pas qu'aux heures les plus sombres de notre histoire des fonctionnaires de l'Etat Français ont participé activement au pire crime de tous les temps, et ce car leurs supérieurs leur en avaient tout simplement donné l'ordre? Dans toutes les préfectures, en zone occupée aussi bien qu'en zone dite "libre", on a dressé des fichiers sur des bases ethniques, fichiers à partir desquels des fonctionnaires de police ont ensuite opéré des rafles qui ont conduit aux déportations dont l'aboutissement funeste est hélas connu de tous. Ce crime ultime est évidemment d'une magnitude autre que celle de l'exécution actuelle des lois relatives aux étrangers sans-papiers, et il ne s'agit pas ici de les comparer en tant que tels, mais comment ne pouvez-vous pas voir qu'il existe un indéniable lien entre l'attitude de vos collègues des années quarante et la vôtre? En effet la loi leur disait "interpelez et déportez ces individus" et ils l'ont fait. La loi d'aujourd'hui vous le dit aussi et vous le faîtes aussi... Vos carrières sont-elles donc plus importantes que le respect de la dignité humaine?
Je vous en conjure, ouvrez les yeux avant qu'il ne soit trop tard! et tâchez de laisser M. El Haouhay vivre sa vie tranquillement, tout comme vous le souhaiteriez pour vous-mêmes et pour vos proches.
Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes sentiments d'humanité bienveillants à votre égard, sentiments qui je l'espère seront réciproques et universels.
S
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