La Marche pour le droit d’asile, un élan sans précédent de mobilisation, de fraternité et d’hospitalité
Initiée par les demandeurs d’asile du Briançonnais, la Marche pour le Droit d’Asile est partie de Briançon jeudi 22 juin et arrive à la Préfecture de Gap ce lundi 26 juin à 17 h. Malgré les kilomètres de leur interminable errance, les exilés ont voulu marcher la tête haute pour rencontrer celui qui a leurs dossiers d’asile et surtout « leur vie entre ses mains. » De cette marche, nous retiendrons le formidable élan de fraternité rencontré sur le fil du parcours, et les multiples espaces pacifistes d’échanges et de débat collectif qu’elle a engendrés. 5 jours de marche – 110 km parcourus sur les petites routes du département – 700 personnes mobilisées – 150.000 pas - 5 communes étapes (Briançon, l’Argentière, Guillestre, Baratier, Chorges) – une halte à la mairie de Puy-Sanières – 1 orage – 80 verres de l’amitié offert par un riverain -16 collectifs représentés - 750 repas du soir servis - 200 tentes montées et démontées – 400 manifestants pour l’accueil à Gap…Une autre hospitalité est possible et elle est déjà à l’œuvre. Elle s’invente dans les Hautes-Alpes et ailleurs.
Le Préfet Philippe Court, regretté grand absent…qui se manifeste in extremis
Pour que le droit d’asile soit respecté dans les Hautes-Alpes et sur le sol européen, pour que le règlement de Dublin ne soit pas appliqué, comme cela est possible et prévu par le règlement lui-même compte tenu de la situation critique en Italie et des risques de renvoi dans les pays d’origine, demandeurs d’asile et citoyens ont souhaité rencontrer le Préfet. Le Préfet a fait savoir vendredi qu’il ne pourrait pas recevoir la Marche pour le droit d’asile ce lundi à Gap ; et proposé un rendez-vous avec ses services. Les marcheurs ayant décliné cette proposition pour attendre un rendez-vous direct avec lui, un revirement de dernière minute a eu lieu lundi après-midi, soit quelques heures avant l’arrivée de la marche : le Préfet a alors proposé in extremis de rencontrer les migrants vendredi prochain, à 17 heures à la sous-préfecture de Briançon. Bien sûr, les migrants sont soulagés et heureux de cette perspective, et les marcheurs qui les accompagnent souhaitent avec eux que cela préfigure un assouplissement de la ligne politique. Dans le doute, tous appellent à ne pas relâcher la pression citoyenne, et à se mobiliser en nombre vendredi, devant la sous-préfecture, dès 16h30. Migrants, citoyens et associations déterminés à aider l’Etat … à mettre en cohérence ses discours et ses actes ! …en commençant par les plus urgents : l’annulation des renvois en cours
La situation dans les Hautes-Alpes est complexe car elle mêle un aspect de grande urgence face aux menaces individuelles d’expulsion imminentes, appelant des décisions immédiates ad hoc du préfet, et la nécessité d’une décision de levée générale de l’application des accords de Dublin, dont on mesure qu’elle pourrait prendre plus de temps. Aussi, les revendications finales de la Marche conjuguent ces deux niveaux d’urgence:
- Pour les migrants dublinés, ceux qui ont reçu les notifications de renvoi, et ceux qui ont déjà leurs billets d’avion retour… : le préfet doit de toute urgence réexaminer leurs dossiers et lever ces décisions
- Pour le moyen terme, le préfet en tant que représentant de l’Etat sur notre territoire doit prendre acte des diverses déclarations des dirigeants nationaux, et aligner ses pratiques derrière les recommandations, à savoir :
- Le 23 Juin, le ministre de l’intérieur Gérard Collomb déclarait que, ailleurs qu’à Calais, « les associations d’aides aux migrants doivent pouvoir faire leur travail » : cela suppose que les migrants soient autorisés à bénéficier de leurs services, donc à rester sur le territoire français ;
- Le même jour à l’issue du Conseil européen, le président de la République Emmanuel Macron annonçait : « Nous devons accueillir des réfugiés car c’est notre tradition et notre honneur.
Les réfugiés sont des femmes et des hommes qui fuient leur pays pour leur liberté ou par ce qu’ils sont en guerre ou pour leurs choix politiques.
Nous devons ainsi faire preuve de solidarité quand un de nos voisins fait face à des arrivées massives de réfugiés ou de migrants. »
Face à la schizophrénie ambiante entre discours politiques et actes administratifs, migrants, citoyens et associations haut-alpins sont patients et déterminés : en venant le rencontrer vendredi, nous donnerons une chance au Préfet de ne pas se tromper de chemin. |
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