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11/05/2010

ITER : Gigantisme des coûts et des problèmes

stop-iter japon-1.jpgITER et la démesure :

Gigantisme des coûts et  des problèmes!


ITER ça va mal, et ce malgré les messages d’autosatisfaction dont se gargarise continuellement l’agence ITER France.
En effet, le coût ne cesse de grimper, la date de première expérimentation ne cesse de reculer, et les têtes tombent à la direction
d’ITER.
Le 4 mai 2010 la Commission européenne adressait une communication au Parlement et au Conseil intitulé « État d'avancement d'ITER et pistes pour l'avenir »


Revenons en arrière :


stop-iter japon-1.jpgITER et la démesure :

Gigantisme des coûts et  des problèmes!


ITER ça va mal, et ce malgré les messages d’autosatisfaction dont se gargarise continuellement l’agence ITER France.
En effet, le coût ne cesse de grimper, la date de première expérimentation ne cesse de reculer, et les têtes tombent à la direction
d’ITER.
Le 4 mai 2010 la Commission européenne adressait une communication au Parlement et au Conseil intitulé « État d'avancement d'ITER et pistes pour l'avenir »


Revenons en arrière :

Le 29 mai 2009, la Commission avait présenté au Conseil un rapport succinct sur l'état d'avancement du projet ITER et défini un certain nombre de «conditions limites» qu'elle jugeait indispensables afin que le projet puisse être réalisé « pour un coût acceptable et en prenant des risques raisonnables »

Lors de sa réunion du 16 novembre 2009, comprenant que le coût de la construction d'ITER serait nettement plus élevé que prévu, le Conseil avait confirmé son appui au projet pour autant que les « conditions limites » fixées par la Commission puissent être remplies.. Il avait également demandé à la Commission européenne d’examiner et de résoudre le problème de financement d’ITER et de revoir la gouvernance de la direction européenne( Fusion for Energy)

Par ailleurs, le Conseil avait invité la Commission à étudier les moyens de répondre aux besoins de financement supplémentaire, notamment les avantages et inconvénients liés à un prêt de la Banque européenne d'investissement (BEI) et une redéfinition des priorités de financement dans le cadre du budget actuel de l'UE, et à présenter la ou les solutions possibles au Conseil dans les meilleurs délais.


Cette communication du 4 mai 2010 est donc la réponse de la Commission européenne au Conseil et au Parlement.

Au départ, le coût total de la construction d'ITER devait s'élever à 5,9 milliards € dont 2,7 milliards€ pour Euratom. Selon les estimations actuelles le coût s'élève désormais à 7,2 milliards €. Sur la base de ces estimations, la contribution d'Euratom s'élèverait à 5,9 milliards€ et la charge supportée par la France, à 1,3 milliards € (tous ces chiffres sont en valeur 2008)
Pour démarrer la phase de construction, une somme de 2,1 milliards € doit être imputée au budget Euratom 2012-2013, d’ou déjà un déficit de financement de 1,4 milliard € pour Euratom.

Dans l'immédiat, l'UE doit définir sa position en vue de la réunion du Conseil ITER qui doit se tenir en Chine à la mi-juin. L’Europe devra convaincre ses partenaires internationaux de la viabilité du projet ITER, chiffres et calendrier à l’appui. Ce sera l'étape décisive de la phase de construction.

La Commission insiste pour que les « conditions limites » soient respectées et s'est refusée jusqu'à présent à adopter le calendrier proposé en novembre 2009. Etant donné l'ampleur du déficit de financement, il faut débloquer des moyens financiers supplémentaires. Dans cette optique, la Commission a examiné les possibilités évoquées dans la demande du Conseil.

Une demande de prêt en faveur de la direction européenne ITER pourrait être adressée à la Banque européenne d'investissement (BEI) Mais le problème principal d'un recours au crédit réside dans l'absence de toute source de recettes identifiable qui permettrait d'en financer le remboursement. Par conséquent, un prêt ne saurait être considéré comme une solution appropriée.

Les besoins de financement supplémentaires d’ITER pourraient être couverts en partie en transférant des fonds d’autres rubriques. Cependant un redéploiement si vaste des fonds existants de l’Union serait extrêmement néfaste pour une série de politiques et de programmes au cœur de la stratégie EUROPE 2020.

Aucune de ces options (BEI ou redéploiement) n’offre de solution structurelle au problème. Donc la Commission considère que l’engagement de l’UE vis-à-vis du projet ITER ne peut être respecté que par le deux options suivantes qui sont compatibles avec «  l’ampleur et la nature systémique du problème »

Option n°1 : un financement complémentaire par les Etats membres. Pour 2012-2013, tous les États membres de l’UE et la Suisse devraient apporter des contributions supplémentaires de l’ordre de 1,4 milliard € et s’engager à financer tout dépassement de coût pour toute la durée du projet.

Option n°2 : une augmentation du plafond global pour 2012-2013. Mais le Conseil impose jusqu’à présent que les plafonds globaux pour les sept années du cadre financier demeurent inchangés.

Quelle que soit l’option retenue par les autorités budgétaires, une solution viable nécessitera un engagement financier précis pour toute la durée du projet et, de la part des États membres, un engagement à financer les dépassements par rapport à ce cadre.

Lors de sa réunion du 16 novembre 2009, le Conseil avait confirmé son appui au projet ITER et invité la Commission à étudier les possibilités de financement. La Commission invite donc le Conseil et le Parlement européen à prévoir les ressources supplémentaires requises pour la durée de la construction d’ITER. La Commission rajoute qu’il convient d’agir le plus rapidement possible afin qu’elle puisse informer ses partenaires internationaux qui attendent une décision d’EURATOM lors de la prochaine réunion du Conseil ITER à la mi-juin.
Une fois que cet engagement aura été pris, la Commission présentera les propositions nécessaires au financement des besoins supplémentaires d’ITER en 2012 et 2013.

ertvhb

ITER à CADARACHE , état des lieux en mai 2010 :

surcoûts et retards, un gâchis d’argent public et peu d’emplois

L'aménagement des 100km de route et de piste pour acheminer les composants ITER de Berre à Cadarache n’est pas encore terminée. Coût du chantier : 110M€ au lieu des 82 millions€ initialement prévus. 72 millions€ payés par le Conseil général 13; c’est l’Etat qui a financé le surcoût. Le premier convoi test qui aurait dû parcourir l’itinéraire à l’automne 2009 est renvoyé à 2011.

Au lieu d’une belle forêt domaniale vallonnée et boisée, il y a aujourd’hui une immense plate-forme de 90   hectares rasée et viabilisée, pour les futures constructions. Cela représente quatre fois les besoins d'une centrale nucléaire pour donner une idée de grandeur.
C’est l 'Union européenne qui doit assurer la construction des bâtiments.

L'Ecole internationale de Manosque a ouvert en partie à la rentrée 2009, et devrait ouvrir à la rentrée 2010. 55 millions€ de travaux intégralement financés par le Conseil régional, un immense gâchis d’argent public, d’autant plus que les chercheurs et leurs familles semblent préférer s’installer sur le pays d’Aix. 55 millions€ pour 280 élèves, soit près de 200 000 euros par enfant !

Concernant l’emploi, on est loin du gigantisme ! ITER France ose pourtant écrire dans son journal : « économie et emploi, bonne pioche pour la région »
Environ 500 personnes travaillent actuellement sur le chantier ITER, un chiffre ridicule quant on sait que 382 millions€ ont déjà été injectés dans ce projet nucléaire. 300 appels d’offre ont été émis depuis le début des travaux. Nous sommes très loin de la centaine de milliers d’emplois initialement annoncée !
Les élus PACA, qui ne juraient que par ITER au début, commencent à douter des bienfaits de ce projet. Michel Vauzelle, le président socialiste du conseil régional, déclarait en mars « nous ne donnerons pas plus d’argent pour la machine » Il faut dire que ses alliés Verts commencent à rouspéter. Le coût total du projet nucléaire ITER s’élève à 467 millions€ pour PACA (conseil régional, conseil général et communauté du pays d’Aix)

ITER et la démesure

Il est prévu de construire 39 bâtiments d’un volume total de 750 000 m3. Le plus grand fera 253 mètres de long sur 46 de large et 19 de haut. Le hall du tokamak s’élèvera à 60 mètres au dessus des fondations, poids du tokamak évalué à 23000 tonnes !

Il est prévu également des hangars d'assemblage et de préparation pour les aimants, d’autres pour les éléments de surface, les outils robotiques, des laboratoires, des locaux de réparation...Il faudra 350 000 m3 de béton, 840 tonnes de charpentes métalliques, 850 tonnes d'armatures, etc...

La fabrication des structures du réacteur nécessitera 10.000 tonnes d'aciers refroidis à moins 269 degrés et environ 130 tonnes de nobium-étain par an sur les trois ans à venir, alors que la production mondiale de cet alliage n'est encore que d'une tonne par an ! Faudra t-il 390 années pour avoir la quantité d’alliage nécessaire ?!

Et s'il est, paraît-il, plus performant que l'alliage nobium-titane, cet alliage est aussi quatre fois plus cher, avec une mise en œuvre très difficile, et personne n’a encore jamais fabriqué des pièces de cette taille avec cet alliage.
Il est certain que les coûts d’ITER vont encore exploser, du fait du nombre de problèmes techniques non résolus, et aussi de la hausse du coût des matériaux (cuivre, titane, alliages spéciaux)

ITER, un futur de plus en plus lointain ….

Quant à l'exploitation, si exploitation un jour il y a, la facture initiale de 5 milliards € explosera également. La première expérimentation était prévu pour 2016, puis reportée à 2018. Nous apprenions en début d’année qu'un nouveau calendrier serait établi en février. Nous sommes en mai et nous n’en savons pas plus …

En décembre 2009, Jérôme Pamela était nommé directeur de l'agence ITER-France pour remplacer François Gauché en poste depuis octobre 2006. Et depuis le 10 février 2010 c’est le britannique Frank Briscoe qui remplace le français Didier Gambier à la direction européenne d’ITER ( Fusion for Energy), avec pour objectif prioritaire d'accélérer les travaux d'excavation du site du réacteur qui ont déjà pris un an de retard.

L’Europe soutiendra t-elle encore le projet ITER ?
Les 6 partenaires internationaux (Chine, Corée, Etats-Unis, Inde, Japon, Russie) seront-ils prêts à rallonger leur participation financière pour un projet si peu abouti, voire déjà même obsolète, et dans le contexte actuel de la crise financière ?
S’engageront-ils à financer tout dépassement de coût pour toute la durée du projet ? ...
Rien n’est moins sûr.


De plus, nous apprenions en février 2010 que des chercheurs américains travaillant sur la fusion par confinement inertiel - autre voie de recherche sur la fusion nucléaire - auraient réussi « à franchir pour la première fois la barrière d’un mégajoule avec plus de 111 millions de degrés Celsius, en concentrant des rayons laser de grande puissance dans un tube pas plus grand qu’un taille-crayon, rempli de deutérium et de tritium » Un résultat qui pourrait être fatal à ITER. Nous ne croyons à aucune de ces deux voies. La fusion nucléaire ne nous apportera certainement pas l’énergie de demain.

L’enquête publique pour la création de l’Installation Nucléaire de Base (INB) ITER n’a toujours pas eu lieu et aucune date n’est avancée à ce jour. Difficile de lancer cette enquête quand on ne connaît ni le coût final, ni les techniques de fabrication, et qu’on ne peut donc fournir aucun calendrier !

Une enquête publique est prévue en juin 2010 en vue du raccordement d’ITER à la ligne d’alimentation électrique Boutre-Tavel. ITER ne produira jamais d’électricité, mais en consommera énormément : 600GW/h par an et ceci pendant ses vingt années de fonctionnement, soit environ la consommation annuelle d’une ville de 100 000 habitants !
ITER aura également de gros besoins en eau : 1,5 millions de mètres cubes par an.

ITER, un désastre qui risque fort de faire aussi dans le gigantisme


ITER n’est pas du tout le projet nucléaire propre qui pourra fournir à l’homme une énergie quasi illimitée et sans danger comme on l’a si souvent entendu dire.
Il est utile de rappeler que le réacteur expérimental ITER, s’il venait à fonctionner, laisserait plus de 33 000 tonnes de déchets rendus radioactifs pour une expérience de 6 minutes aux chances de succès quasi nulles.
De plus, même si l’expérience arrivait à terme et se montrait concluante, ce qui est peu probable, des réacteurs de type industriel utilisant la fusion ne pourraient voir le jour avant la fin du siècle. C’est évidemment bien trop tard !

L’empreinte écologique du réacteur ITER (construction et démantèlement) sera monumental ! On est à l’opposé des projets sobres en énergie, respectueux de la planète, que seront nécessairement les vrais projets d’avenir.

Une consolation : les très préoccupants rejets massifs de tritium, ce radionucléide dangereux qui a la fâcheuse propriété de fuir quel que soit la nature du récipient qui essaie de le retenir, ne sont pas pour demain !
Plus sérieusement, il serait sage d’arrêter là les dégâts et d’orienter ces sommes d’argent colossales vers de vrais projets d’avenir. L’énergie gratuite et à volonté n’existe pas. Ne nous illusionnons pas. Nous n’avons d’autre choix que d’économiser l’énergie et de cesser le gaspillage.

Le nucléaire, fission ou fusion, est une énergie sale, dangereuse, coûteuse et laissant des déchets radioactifs.

Antoine Calandra, association MEDIANE Vaucluse
Contacts : 04.90.08.00.64

22:32 Publié dans ecologie | Lien permanent | Commentaires (0)

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