04/12/2009
Clinique privée mais pas de tout et pas pour tous
Cliniques privées, en avant toutes
Alors que depuis 30 ans, les différents gouvernements mènent une offensive contre le secteur public hospitalier, ces mêmes gouvernements favorisent en même temps le développement du secteur privé lucratif de santé.
En effet, depuis les années 90, on a assisté dans notre pays comme à l’échelle de l’Europe à une réorganisation totale du secteur privé de santé : regroupements, rachats, fermetures aussi…
Ces regroupements, ces fusions et rachats répondent au besoin des patrons et actionnaires des cliniques privées pour faire face à la concurrence de groupes de santé privée, dans l’objectif d’augmenter leur « part de marché », un marché garanti par la sécurité sociale…
Cliniques privées, en avant toutes
Alors que depuis 30 ans, les différents gouvernements mènent une offensive contre le secteur public hospitalier, ces mêmes gouvernements favorisent en même temps le développement du secteur privé lucratif de santé.
En effet, depuis les années 90, on a assisté dans notre pays comme à l’échelle de l’Europe à une réorganisation totale du secteur privé de santé : regroupements, rachats, fermetures aussi…
Ces regroupements, ces fusions et rachats répondent au besoin des patrons et actionnaires des cliniques privées pour faire face à la concurrence de groupes de santé privée, dans l’objectif d’augmenter leur « part de marché », un marché garanti par la sécurité sociale…
Aujourd’hui, le secteur d’hospitalisation privé compte environ 1300 établissements. On y pratique quasiment 60 % des interventions chirurgicales, 40 % des accouchements (6 millions de patients par an).
Fini le mythe des cliniques appartenant à quelques chirurgiens qui après avoir travaillé dans le secteur public se reconvertissent dans le privé, source de juteux profits. Tout cela appartient à l’histoire ancienne même s’il existe encore quelques cliniques appartenant à des médecins privés.
Aujourd’hui, elles appartiennent le plus souvent à des groupes comme la Générale de Santé (détenu par un fond d’investissement britannique), cotée en Bourse depuis 2001, ou autres…
Evidemment c’est toujours en prétextant l’équité entre le public et le privé mais aussi en prétextant l’insuffisance (organisée) du secteur public face aux besoins (insuffisance de lits, canicule, crise des urgences, personnels insuffisants face aux 35 heures…), que les établissements de santé privée à but lucratif ont bénéficié d’aides de l’Etat.
En 2001, les patrons des établissements privés de santé se sont mobilisés pour protester contre le manque de moyens et la concurrence « déloyale » du secteur public selon eux mieux doté avec des prix de journées supérieurs. (voir dans le DL de cette semaine, ce qui est dit sur la clinique et la cancérologie...)
3 jours après, ils obtenaient du gouvernement de gauche à l’époque une enveloppe de 1,7 milliards de francs en plus des 1,4 milliards de francs déjà promis par l’Etat. La ministre de l’emploi Guigou à l’époque avait justifié cette aide : « Elle est destinée à développer une politique salariale et sociale en faveur du personnel des cliniques privées et renforcer la transparence sur les rémunérations tout en garantissant que les moyens publics affectés à cette politique soient ciblés sur les établissements rencontrant des difficultés financières ». Inutile de dire que les salariés ont du lutter pour en voir la couleur.
Le projet Hôpital 2007 n’a fait qu’accélérer le processus. Il permet de financer la rénovation des cliniques privées à égalité avec les établissements publics : 50 % des 6 milliards d’€ sur 5 ans est consacré au secteur privé. Quand on connait la situation économique de la clinique au nom ronflant des "Alpes du Sud", le pire est encore à craindre, spoliation d'argent public ?
Toutes ces aides se rajoutent aux allègements de cotisations sociales (35 heures Aubry, allègements Fillon). A cela se rajoute la suppression de la taxe professionnelle.
En même temps que les patrons des cliniques se réorganisaient, ils ont mis en place de nouvelles conventions collectives. Sous prétexte, d’harmoniser les conventions multiples et d’aller vers l’alignement des salaires sur ceux du secteur public. Alors en guise d’alignement des salaires, il s’est en fait agit d’aligner les salaires vers le bas.
Avec la concentration des établissements privés, la sous-traitance des activités comme la restauration des patients et du personnel, le ménage, l’entretien, le nettoyage du linge et des tenues du personnel s’est généralisée, avec la dégradation des conditions de travail et de salaires qu’on imagine.
Résultat : les profits explosent dans le secteur privé. D’autant plus que les établissements du privé orientent leurs activités vers les pathologies les plus rentables : chimiothérapie en ambulatoire, dialyse, chirurgie ambulatoire, maternité...
Hôpital dit public
Enfin, pour défendre l'hôpital public, chaque soignant a sa part de responsabilité, on ne peut porter l'étendard de la santé pour tous et multiplier les actes privés, en cela le cas de Digne en orthopédie montre ce que pourront devenir les HP (Hôpitaux Publics) : des coquilles vides, des plates formes techniques avec des personnels précarisés alors que d'autres ...s'enrichiront sur la maladie.
Pour ceux qui pensent que l'on pourrait concurrencer les cliniques...il n'y aura qu'une voie: usines à fric, actionnariats, précarisations des personnels, accidents du travail, souffrance au travail, perte des valeurs ("soigner selon ses besoins pas ses moyens"), la « T2Aisation » (Tarification A l'Acte): taux de profit du malade (quotient de rentabilité, courbe de présence, retour programmé après une SP…. sortie prématurée , le NTC ...niveau de tolérance cardiaque.. les stats ont de l'avenir et le dictionnaire va s'épaissir !!!)
Que veut dire la rentabilité hospitalière quand ceux qui l'organisent, la dogmatisent, sont incapables de la mettre en application : fermeture de la radiothérapie ("manque à gagner" 600 000 euros, sans compter le coût du transport pour la SECU, voir "hôpital magazine" publication officielle CHICAS...)
L'exemple du traitement de l'obésité au CHICAS : cela parait très beau mais n'est ce pas de la poudre aux yeux, combien d'actes par an , quels personnels supplémentaires, où en est-on de la prévention ...? (quand les enfants, les adolescents pour des raisons d'économies sont gavés de produits de la grande distribution et les moins chers : cantines scolaires, autorisations d'ouvertures de MAC DO,...) Pour ma part, le CHICAS, en effet, est un modèle très efficace de lutte contre l'obésité... des salariés : 69 suppressions de postes mais cela n'est qu'un début, fermeture du bloc opératoire et de la chirurgie de Sisteron, ...mais aussi traitement à distance de cette pathologie : déshabillage des autres hôpitaux de proximité (tout nu on se sent plus léger), cancérologie viscérale et gynécologique à Briançon...
La loi HPST (Loi hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires) n'est pas encore appliquée que déjà depuis quelques temps, on accepte sa logique "diviser pour mieux régner", privatisation déguisée de l'hôpital public.
Etre soignant ne peut être qu'une vocation, vu la difficulté des métiers et ses contraintes (continuité des soins, qualité du service même en sous effectifs...).On parle du recours judiciaire, de plus en plus fréquent, de la part des patients... mais n'est ce pas le développement des actes privés qui entraîne l'obligation de résultats et qui transforme le malade en client?
Entre reconnaissance morale, éthique, revalorisation salariale collective et s'en sortir tout seul dans une logique commerciale, il y a un choix à faire, mais le premier me semble plus sûr dans la durée.
Nous, patients, sommes aussi responsables.
Quand nous allons dans un centre mutualiste, voir un médecin généraliste, pourquoi nous oriente-on vers le privé? Nous n'avons pas toujours la force de s'y opposer et de demander un autre rendez-vous.
Si nous défendons l'hôpital public de proximité, ce dont je ne doute, il ne faut pas pour des raisons de soit disant notoriété aller se faire opérer dans d'autres centres à des centaines de kilomètres. Ce qui ne peut que justifier des fermetures de service à Gap, Sisteron, Embrun, Briançon….
Quand certains médecins, qui refusent les dépassements d'honoraires, entendent de la part des patients, qu'ils sont venus car ses praticiens sont les moins chers ; alors que ceux-ci mènent le combat de la médecine pour tous, n'y aurait-il pas des mots plus réconfortants à leurs adresser, tout en demandant des comptes à l’ensemble de la profession ?
Le scandale des maisons de retraites, du long séjour, de la fin de vie doit tous nous mobiliser, pensons nous, que tout seul nous pourrons subvenir à nos besoins futurs : alors qu’aujourd’hui déjà, vu la frénésie de la rentabilité, payer ne suffit plus ?........................
Le glissement insidieux des mots utilisés, de nos actes ; soignants, patients...nous amènent, à justifier l'injustifiable, sans toujours en voir la portée.
C'est en prenant nos responsabilités qu'une autre santé est possible.
Revendications
Face à la privatisation de la santé il faut défendre :
Un secteur public de santé qui réponde aux besoins de tous
Abolition de la loi HPST
L’intégration du secteur privé dans le secteur public, avec alignement des salaires (un seul statut public…)
Interdiction de faire du profit avec la santé
Suppression des dépassements d’honoraires
Suppression de tous les allègements de cotisations patronales
20:53 Publié dans Outils militants | Lien permanent | Commentaires (0)
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