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07/07/2010

Ecologie ne rime toujours pas avec capitalisme

Communiqué de Presse · 7 juillet 2010

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L’association genevoise Noé21 révèle un scandale dans le marché du carbone et demande un taxecarbonne-1abac.jpgchangement de méthodologie

L’association genevoise Noé21, en partenariat avec quatre autres ONG (CDM Watch, EIA, etc.), a déposé une nouvelle méthodologie pour l’attribution des crédits CDM (Clean Development Mechanism, les projets de compensation CO2 du protocole de Kyoto). En effet, la méthodologie existante pour les HFC-23 augmente les émissions totales au lieu de les diminuer. La nouvelle méthodologie propose de réduire de plus de 90% les « crédits pourris » générés par ces projets.

Le HFC-23 est un gaz à effet de serre très nocif. C’est un sous-produit de la fabrication de HCFC-22, un gaz réfrigérant. Dans le système CDM,  en brûlant ces molécules très nocives, on peut obtenir des crédits carbone, qui peuvent servir à atteindre certains objectifs de réduction des émissions. 2236 projets CDM existent en ce moment, qui en tout génèrent 1 milliard de tonnes d’équivalent CO2 économisées. Sur ce milliard de tonnes, la moitié environ provient des 19 projets HFC-23.

Une analyse systématique des données de suivi et de vérification dans les projets HFC-23 a montré que 22 usines sont exploitées intentionnellement de manière à optimiser la production des crédits de compensation CO2. De plus l’analyse démontre que des surplus de HCFC-22 sont produits à cause du système CDM.

“La production de HCFC-22 et de HFC-23 est faite pour maximiser la production de crédits CDM” résume Lambert Schneider qui a fait l’analyse des données.

Les données montrent que deux usines ont réduit leur production lorsqu’elles n’étaient plus éligibles pour des crédits CDM, et ont ensuite augmenté de nouveau leur production lorsqu’elles pouvaient de nouveau obtenir des crédits. Plus encore, l’analyse a démontré que la plupart des usines produisaient juste la quantité maximum permise pour ces crédits.

“L’ampleur réelle des dégâts à l’environnement n’est pas facile à évaluer, mais les données suggèrent que des millions de tonnes d’équivalent CO2 ne correspondent pas à de véritable réductions” dit Chaim Nissim, secrétaire de Noé21, une ONG genevoise qui avait déjà prévenu le bureau exécutif en 2007.

Mais comme le bureau exécutif du CDM ne réagissait pas, une autre ONG a repris le flambeau et a reproposé une méthodologie selon les formes. La révision proposée supprime l’attractivité économique excessive en introduisant une norme plus réaliste des coûts de la destruction des HFC-23. La nouvelle norme supprimerait les crédits excessifs en les réduisant de 90%, ce qui fait que les coûts réels de production du HCFC-22 seraient respectés.

“La révision assurerait que les crédits CDM contribuent à diminuer réellement les émissions, parce qu’elle supprimerait l’attractivité financière d’une surproduction artificielle de HCFC-22, qui seraient produits juste pour brûler le sous-produit” explique Eva Filzmoser, directrice du CDMWatch.

Le comité des méthodologies s’est réuni du 21 au 25 juin pour en parler et a demandé de prendre en compte les révélations des ONG. Le bureau exécutif des CDM se réunira quant à lui du 26 au 30 Juillet. Une méthodologie corrigée aurait une influence considérable sur les renouvellements des périodes d’accréditation. La première demande de renouvellement pour 7 ans vient justement d’être déposée par l’usine d’Ulsan en Corée du Sud, exploitée par le groupe Ineos. Le groupe Ineos a généré 10 millions de crédits depuis 2006, pour une valeur totale de 100 millions d’euros. Il espère en générer encore 2.2 millions pendant les 7 ans à venir.

Cette discussion arrive à point nommé. Il est complètement inacceptable que le secrétariat des changements climatiques aux  Nations Unies continue de mettre sur le marché des crédits bidon qui créent de gigantesques profits pour les groupes de carbon trading et les compagnies chimiques. Si les Nations Unies veulent éviter les dégâts d’image irréparables, ils doivent prendre une décision maintenant. Le bureau exécutif doit stopper la méthodologie actuelle et  la création de crédits bidon dit Eva Filzmoser.


Noé21 Chaïm Nissim · cnissim@noe21.org · 079 316 98 13

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