Cher(e)s ami(e)s,
La construction d’un NPA (Nouveau parti Anticapitaliste) est en marche. Il prend ses racines en partie dans l’histoire de la LCR et en partie dans l’apport majoritaire de nombreux militants de gauches, altermondialistes, écologistes ou nouveaux en politique. Il s’appuie sur de nombreux comités locaux partout en France, dont de celui du Haut Doubs, auteur de cette contribution.
Ces militant(e)s, d’origines différentes se retrouvent sur l’idée directrice que le combat pour la justice sociale, la démocratie en occident comme ailleurs dans le monde, est indissociable du combat écologiste pour la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, contre les pollutions et le changement climatique. Les plus défavorisés sont les premiers touchés, le système capitaliste et plus largement le productivisme et l’idéologie de la croissance sont à la source du problème. Nous sommes donc persuadés qu’il n’y a pas de solutions possibles sans remise en cause totale du système politique et économique et sans changement des comportements individuels, surtout si ce changement est le fruit d’une réflexion collective.
Vis-à-vis des différents courants qui se réclament de la décroissance, le débat est en cours au sein du NPA, lui-même en gestation. En interne comme avec vous nous souhaitons pour avancer, poser les termes d’une discussion. Attention à l’amalgame entre l’idéologie de la croissance, visant à créer des besoins infinis dans un monde limité et le juste développement des populations n’ayant pas accès aux services élémentaires. Que doit-on produire et pour qui ? ne doit pas être confondu avec l’arrêt généralisé de la production.
L’appel à la responsabilité individuelle des comportements (simplicité volontaire, circuits courts de production-consommation) parfaitement justifié, ne doit pas être considéré comme une fin en soit, mais s’accompagner d’une critique radicale du système capitaliste en place et des expérience socialistes productivistes passées, au risque de n’être qu’une éthique individuelle louable, mais marginale, tolérée par le système et donc sans lendemain. L’écologie réformiste ou l’influence des groupes de pressions, aboutit pour nous aussi à une impasse à long terme.
Nous sommes conscients par contre, que les expériences alternatives autogérées, à petite échelle montrent la possibilité d’agir localement dès maintenant sans attendre un mythique « Grand Soir ». Elles s’opposent par nature à toutes les idéologies totalitaires, c’est pour cela qu’elles sont porteuses d’espoir.
Les questions sociales et environnementales ne peuvent être opposées. Il faut accepter de remettre en cause les productions inutiles ou dangereuses, mais cette remise en cause ne doit pas se faire au détriment des franges les plus pauvres ou les plus précaires de la population, sans solutions sociales alternatives. Dans ce sens, les mesures visant à donner une valeur marchande à la nature, pour en faire payer la note à tous (écotaxes), vont à l’encontre de notre vision d’une autre société. La prise en compte des phénomènes d’exploitation économique et des inégalités doit permettre de distinguer les responsabilités.
Nous souhaitons rester vigilants vis-à-vis de toute lecture néo-malthusienne des problèmes environnementaux, de même que vis-à-vis d’une société fondée sur la nature idéale et mythifiée, proche d’une vision réactionnaire des problèmes.
Nous partageons avec les mouvements pour la décroissance la prise de conscience de l’urgence écologique et énergétique mondiale, une critique de la notion ambiguë de développement durable utilisée par nos dirigeants pour se donner une légitimité écologiste. Nous partageons la critique du tout technologique et du pouvoir policier qui l’accompagne obligatoirement, celle de l’aliénation des hommes par la consommation, la publicité et le travail salarié. Mais les solutions imaginées ne doivent pas se contenter d’être idéalistes, elles doivent définir ce qui dans les besoins à satisfaire peut être élargi à toutes et à tous dans les limites écologiques. C’est une tâche difficile mais collective portée par l’Écosocialisme. Ce mouvement se donne pour but de faire converger économie, écologie, démocratie et internationalisme.
Nous avons à faire face ensemble à des défis d’ampleur inégalée à l’échelle mondiale, les crises écologiques et sociales sont alimentées par des mécanismes identiques : la soif du profit capitaliste et les politiques néolibérales qui en découlent, la dictature des marchés, la prédation systématique des ressources naturelles, un ordre mondial injuste. Face à cela la convergence des luttes sociales, environnementales dans les associations les mouvements comme les nôtres et les syndicats pourrait enrayer la machine.
Un parti comme le NPA doit sans doute sortir l’écologie de la sphère dans laquelle elle était réduite, pour la mettre avec les luttes sociales au centre de sa politique. Les autres formations anti-productivistes, comme celles pour la Décroissance, devraient peut-être situer clairement leur lutte en opposition à l’idéologie libérale dominante. Ce rapprochement permettrait d’articuler nos différentes expériences pour en faire un vrai projet de société.
Sur la base de ces quelques éléments non exhaustifs, nous vous proposons de poursuivre nos relations sous deux angles différents :
La poursuite d’un débat théorique visant à préciser nos points de convergences et de divergences, dans le but de travailler lorsque c’est possible, à l’unité de nos luttes et de nos prises de position, afin de rendre l’ensemble plus lisible. Nous espérons que ces liens pourront se mettre en place nationalement par la suite. Ils existent localement de façon régulière, dans la mesure où l’on se côtoie sur le terrain, dans des journées comme celle-ci ou des associations parallèles.
A court terme nous sommes disponibles pour participer à de larges rassemblements unitaires autour de l’écologie (anti-nucléaire, anti-OGM, eau, transports, logements…) Nous souhaitons élargir les thématiques écosocialistes à tous les champs de mobilisations et trouver les mots pour expliquer, sensibiliser, mobiliser le plus grand nombre à une alternative au capitalisme et au productivisme sous toutes ses formes.
Nous souhaitons que les échanges qui ont lieu ici soient fructueux pour toutes et tous et espérons avoir d’autres occasions de vous retrouver.
Salutations fraternelles
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